SRIMATHI RATHOD décrit son cheminement vers l’excellence, et la façon dont la notion même d’excellence s’est transformée à ses yeux, pour devenir finalement une source d’inspiration.

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J’avais environ vingt-cinq ans quand je suis tombée sur le livre de Tom Peters, La passion de l’excellence. C’était un concept totalement nouveau pour moi. J’étais rompue à l’excellence académique, et j’aimais le travail bien fait. J’ai été élevée dans la conviction que notre travail porte notre signature, et je n’aimais pas voir mon nom associé à la médiocrité. Avec le temps, c’est devenu une facette dominante de ma personnalité, dans ma vie comme dans ma carrière.

Après cette lecture, je me suis mise à réfléchir à la différence entre un travail bien fait et l’excellence. L’excellence en soi est-elle distincte d’une chose qu’on qualifie d’excellente ? Une idée a commencé à germer en moi : un travail bien fait est comme une droite qui relie deux points, alors que l’excellence est un graphique multidimensionnel.

Dans la foulée, je me suis posé certaines questions :

  • Quelle était mon attitude, en effectuant ce travail ?
  • Voulais-je une promotion, attirer l’attention de mes supérieurs ? Avais-je un autre intérêt personnel ?
  • Ai-je exploité mes collègues d’une manière ou d’une autre ?
  • Ai-je reconnu la participation de chacun à sa juste valeur ?
  • Ai-je contribué à créer un environnement stressant ?
  • Ai-je porté atteinte à la cohésion du groupe ?

J’ai fini par saisir que, même si le résultat était remarquable, s’il y avait ne serait-ce qu’une seule réponse insatisfaisante à ces questions, mon travail n’avait pas atteint l’excellence.

Aujourd’hui, je sais que l’excellence nous inspire et nous guide de l’intérieur. Elle suppose du caractère, des valeurs, de la droiture et la capacité de rechercher un équilibre entre notre intérêt personnel et celui de tous ceux et de tout ce qui nous entourent. Or, la clé de l’excellence est l’équilibre. Pensez à l’un de vos mets raffinés préférés : un tout petit peu trop ou pas assez d’un seul ingrédient, et le plat est gâché. L’épicurien le sent tout de suite. L’équilibre est une évidence.

Mais d’où provient-il ? Je crois que tout équilibre dépend de l’équilibre fondamental entre le coeur et l’esprit. Je compare souvent le fonctionnement d’un esprit purement intellectuel à celui d’une voiture sans freins : on avance, mais sans jamais pouvoir se garer ni s’arrêter. À quoi bon un véhicule qui nous obligerait à toujours aller quelque part, même quand ce n’est pas nécessaire ? Son inefficacité même le condamnerait à la ferraille. À quoi servirait un couteau avec lequel on devrait couper des choses sans arrêt, sinon à créer un cauchemar comme on en voit dans bien des films d’horreur aujourd’hui ?

N’est-ce pas exactement ce que nous faisons avec notre mental ? Quand nous arrive-t-il de le « garer », de le laisser se reposer ? Mais le mental connaît-il le repos ? Même quand nous dormons, il ne cesse de fonctionner. Alors comment le réguler ?

Tournons-nous d’abord vers le coeur. Nous le savons, ce n’est pas seulement un organe physiologique, c’est aussi le siège de nos sentiments. Or, qu’est-ce qui nous caractérise, en tant que personne ? Qu’est-ce qui définit une bonne ou une mauvaise personne ? Sûrement pas le mental ou l’intellect ! Lorsqu’on dit « je », est-ce qu’on parle juste de son esprit, ou est-ce qu’on y inclut quelque chose de bien plus grand ? Nous regrettons fréquemment certaines de nos décisions, et nous déplorons que notre voix intérieure n’ait pas été là pour nous guider. Il est vrai que, souvent, elle ne le fait qu’après coup.

Comment faire pour écouter son coeur ? Quand on a la tête pleine de pensées, comment distinguer les messages de notre mental de ce que le cœur tente de nous dire ? Comment pouvons-nous laisser parler notre coeur et intégrer sa sagesse à l’activité du mental pour mieux nous élever vers l’excellence ? L’excellence est un état.

De même que le soleil brille sur l’étang boueux qui le reflète à peine comme sur un plan d’eau qui répercute son éclat – l’excellence en nous rayonne, sur nos adversaires comme sur nos amis, qu’elle soit reconnue ou non. Lorsque l’esprit est calme, clair et équilibré, le coeur se fait entendre. La première étape, pour moi, a donc consisté à réguler mon esprit. Avec la pratique de la méditation, j’ai progressivement constaté que mon processus de réflexion gagnait beaucoup en clarté. Je l’ai d’abord remarqué quand j’ai commencé à effectuer mes tâches plus rapidement que mes collègues. Au début, mes supérieurs croyaient que je bâclais mon travail, mais au fil du temps ils se sont rendu compte que ce n’était pas le cas. Grâce aux effets de la transmission, j’arrivais à trouver des solutions là où je ne voyais auparavant que des impasses.

En cas de conflits, le moyen d’en sortir m’apparaissait clairement. J’avais acquis la faculté de m’observer de l’extérieur, avec objectivité. Cela m’a permis de me voir sous un jour complète ment différent et a ouvert la voie à grand nombre de changements intérieurs.

J’ai ainsi appris que la douceur n’est pas une faiblesse, et que combinée à la fermeté, elle peut devenir un atout majeur. Que l’agression n’est pas un moyen d’atteindre le succès – c ’est même une façon infaillible de gâcher la condition de mon coeur – et c’est de loin l’aspect de ma personnalité dont je peux le mieux me passer.

Ensuite, il y a eu le miracle que j’ai vécu avec la régénération Heartfulness. Elle a changé mon regard sur les gens et sur les événements de ma vie. C’est devenu la clé de mon équilibre. « Pardonnez et oubliez » dit l’adage, mais comment pardonner, et à plus forte raison oublier, quand notre coeur bouillonne de ressentiment ? Le fait de disposer d’une méthode pratique pour évacuer du coeur les sentiments négatifs – et surtout le stress – aussi facilement que si j’effaçais une ardoise, m’a fait comprendre ce que signifie être revitalisée, se régénérer, déstresser. J’en ai fait l’expérience concrète, effective, et cela m’a permis de considérer des événements du passé, voire ma vie entière, dans une toute nouvelle perspective.

En développant un meilleur équilibre cœur esprit, j’ai compris que la nature n’était pas une esclave prête à combler mes moindres souhaits. Que je suis arrivée dans ce monde avec du bon et du mauvais karma, et que je dois les vivre et apprendre à trouver un équilibre entre désirs et acceptation. C’était difficile au début, mais avec le temps j’ai trouvé plus facile d’accepter les choses comme elles viennent. Mes frustrations ont pour ainsi dire disparu – et surtout, maintenant, j’aime vivre avec moi-même.

J’ai fait un long périple, et j’attends avec impatience de chaque jour qu’il m’emmène plus loin que la veille ; qu’il m’enseigne, dans la joie de vivre, où je dois aller et ce que je dois devenir.

Chers lecteurs, je vous souhaite de vivre vous aussi une « floraison intérieure », de vous découvrir et de réaliser qui vous êtes réellement.

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